mercredi 10 février 2010

Le peintre ou le peint?

victorhugo1

Ce soir, un ami cherchait l’inspiration, quêtant auprès de moi une idée de dessin. Ne me déplaçant jamais, moi non plus, sans mon égo, je l’invitai à me dessiner, moi. Il se moqua de moi, en disant que le dessin manquerait de valeur. Je lui dis, sur le ton de la rigolade bien entendu, qu’une image de moi n’avait pas de prix, qu’il le vendrait une fortune. Il me répondit habilement que c’est l’auteur qui fait ça.

Et non l’image.

Question existentielle chez l’artiste. Le peint ou le peintre? Qu’est-ce qui fait sa valeur?

Je me suis alors demandé si on peut juger, réellement, la valeur d’une œuvre par ce qu’elle représente. Je dois me rendre à l’évidence. Non, bien sûr. Bien des ouvrages ont de la valeur artistique sans dépeindre quoi que ce soit de précis. Certaines valent pour leur subversion à l’idée d’une œuvre. Pas d’image, pas de représenté, pas d’idée. C’est l’artiste qui peint et qui lâche ses couleurs au gré de ses assauts d’esprit. Ainsi il formera l’art dont la valeur est déterminé par l’artiste.

Je suis un peu subjugué de me dire qu’une image d’oiseau n’a pas le même impact – car c’est ainsi que j’évalue ce que j’appelle la “valeur” d’une œuvre, par son impact sur l’esprit artistique des gens, la capacité à faire évader l’esprit – selon la personne qui réalise. Admettons un peintre réaliste. Il réalisera un croquis digne d’un ornithologue. Alors qu’un surréaliste nous fera tout sauf un oiseau. Le tableau volera.

Mais admettons deux réalistes, ou deux surréalistes. Qu’est-ce qui diffère leur art? Les mots qu’ils emploient? La longueur des coups de crayon? Leur ponctuation? La façon d’appréhender les ombres?

Je conclus que oui, un artiste talentueux saura faire varier l’appréciation de celui qui regarde par son simple “feeling”.

 

Mais pour la photographie? Prenons deux photos du même paysage. L’un mettra l’horizon en oblique, l’autre droit. L’un règlera son appareil d’un façon, l’autre emploiera une autre configuration.  De combien de paramètres l’art dépend-t-il, finalement?

L’art est mort.

Francis Picabia défend cette idée comme si elle fût véridique. Il dit qu’il est le seul à n’en avoir pas hérité. Naturellement, je sais que son idée principale n’est pas que l’art est véritablement mort, mais je démarre de sa citation. Ce que je vais dire ne constitue donc pas en une critique de cet auteur.

Peu importe où il se situe par rapport à ça; il dit que l’Art est Mort, et je ne peux pas entendre ça sans me révolter intensément. Quel artiste oserait dire ça? Et quel amateur d’art oserait entendre une aberration pareille?

Faute de pouvoir jauger, calculer, mesurer l’art; faute de pouvoir évaluer le nombre de paramètres qui agissent sur l’Art, je peux dire une chose: Il y a autant d’arts que d’artistes. Je ne sais tellement pas dessiner, que si je dessinais, tout le monde trouverait ma réalisation hideuse. De cela, je peux conclure que mon “dessin” est subversif. Quoi de plus subversif que l’art? Je peux donc conclure que le plus hideux de mes dessins est artistique, par sa subversion.

Je pense qu’il en est autant pour tous les arts qu’on ait pu référencer, et ceux qui sortent tellement de l’ordinaire qu’il n’est pas imaginé. J’attend le jour où quelqu’un réalisera une œuvre qu’on ne pourra pas classer; il sera subversif au point de créer l’art de l’art: l’inventer les arts, en créer des nouveaux. On a commencé à l’art pictural (peinture/dessin), puis on a inventé la sculpture, vraisemblablement suivi de la musique, puis du lyrisme (littéraire/poétique/théâtral), puis, juste après avoir ajouté la photographie aux arts picturaux, les arts visuels animés, comme le cinéma.
J’aime mieux regrouper les arts ainsi:

  • Pictural: tout ce qui constitue une image fixe.
  • Matériel: tout art qui se définit ainsi par son aspect matériel: les sculptures (qui peut être pictural selon les cas), l’architecture…
  • Musical: car les sons se distingue des mots
  • Lyrique: la poésie, la littérature… l’émotion est dans les mots.
  • Visuel: Les arts qui déclenchent une réponse émotionnelle par les mouvements, comme le cinéma, la danse, parfois le théâtre.
  • Sensoriel: Les goûts, les odeurs et les températures, je trouvent, peuvent, à leur manière, être considérés comme des arts. Un peu comme le parfum, la cuisine…
  • Interactif: parce qu’il est important de constater que, certains arts le sont parce qu’ils permettent une interaction entre l’oeuvre et l’amateur. Et dans le cas où c’est cette interaction qui constitue une œuvre d’art, on pourrait la regrouper ici.

L’avantage avec cette classification, je trouve, c’est qu’elle ne confond pas le support avec l’impact. Le théâtre est un art, et peut regrouper l’ensemble des 7 arts que j’ai défini ici. De plus, elle est bien plus ouverte.

Je sais que ça n’avance à rien de rechercher une nouvelle classification. Mais elle me sert, à moi, pour essayer de cerner ce qu’est l’art. Et je vois bien qu’en divisant comme ceci, les 5 sens ne sont pas encore tous concernés. La chaleur en tant qu’art? Mais pourquoi pas? Ce serait tellement subversif! Tellement neuf!

Alors, l’Art est mort? Non, et elle ne le sera jamais. Il suffit que quelqu’un décide de considérer un objet comme artistique. Et envers et contre tout, ce sera de l’art. Il est absurde de vouloir imposer une rigueur à l’Art, parce que la rigueur impose des faits. L’imposition de faits empêche l’évolution. Et l’art, c’est aussi évoluer.

 

Mon prochain article portera sur la subversion.

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